Le Centre d’études Jacques Georgin tient à réagir vigoureusement aux propos tenus le 17 février dernier aux propos déplacés de l’économiste Etienne de Callatay, invité de la chaîne LN 24, en vertu desquels la Fédération Wallonie-Bruxelles devrait être supprimée car c’est une institution idéologiquement malsaine , injuste et digne de l’apartheid.
De tels propos outre leur caractère outrancier démontrent une profonde méconnaissance de l’historicité du fédéralisme belge et des équilibres et rapports de force au sein de l’Etat belge.
Bien au contraire seule l’unité des Francophones peut préserver, grâce à la solidarité réciproque entre les Régions wallonne et bruxelloise, les équilibres institutionnels qui évitent le face-à-face entre la Flandre et la Wallonie dont on peut déjà prédire qui sera le dominant et qui sera le dominé.
Déjà, la régionalisation des compétences dites communautaires et plus particulièrement en matière d’enseignement conduirait à créer des barrières en ce qui concerne l’accès à l’emploi et la mobilité entre Bruxelles et la Wallonie; l’existence de frontières institutionnelles, administratives ou linguistiques, ne pouvait imposer des conditions restrictives aux libertés fondamentales et singulièrement à la liberté de circulation pour l’accès à l’emploi et à la formation.
Déjà aujourd’hui, la régionalisation de la Communauté française a produit des situations compliquées et injustes pour les Francophones. Il faut prendre comme point de départ que l’espace Wallonie-Bruxelles est fluide et que les familles circulent de l’une à l’autre Région Exemples :
Allocations familiales différentes en Wallonie et à Bruxelles
Clubs sportifs : règles différentes de soutien
Handicapés : cas de cette handicapée bruxelloise qui a trouvé la seule institution correspondant à son handicap, mais en Wallonie et refusée par l’institution pour manque de financement
Demain, une dystopie : ce sera cela au centuple, pour l’enseignement, la culture, la santé, le social, l’audiovisuel. Imaginons la vie des Francophones en 2030
Diplômes différents de région à région
Problème non seulement pour les élèves et les familles, mais pour tous les travailleurs : car le bassin d’emploi est global. On exigera à Bruxelles des diplômes différents de ceux délivrés en Wallonie. Comme il est fréquent au cours d’une carrière de déménager, un enseignant, une puéricultrice, un infirmier, un assistant social, etc ne pourra plus passer facilement d’une Région à l’autre.
Au sein de l’Etat fédéral, les Wallons et les Bruxellois perdront tout espoir , de garanties de représentation dans les services publics fédéraux, dans l’armée, la magistrature, etc.
On aura signé des centaines d’accords de coopération, autant d’usines à gaz avec droit de véto de chaque partie ; une prolifération d’administrations se faisant la concurrence, au détriment des forces vives ; la fonction publique sera surpondérée et la dette aura explosé
La Wallonie privée de la solidarité budgétaire des autres Régions, se sera enfoncée dans l’endettement et dans la pauvreté.
Sur un plan économique, la suppression de la Fédération Wallonie-Bruxelles serait purement et simplement une catastrophe et ruinerait les espoirs d’une nouvelle prospérité pour les Wallons et Bruxellois.
La langue et la culture constituent un vecteur d’échanges et un facteur d’unité entre Wallons et Bruxellois, unité fédératrice qui doit être préférée aux sous-régionalismes diviseurs, comme la langue et la culture peuvent unir Néerlandophones de Flandre et Bruxellois néerlandophones.
Ces propos relèvent d’une vue étriquée de notre paysage institutionnel et justement d’une idéologie malsaine injurieuse envers tous les Francophones de ce pays.
Le Bureau du CEG