Le Centre d’études Jacques GEORGIN a pris acte du vote des citoyens britanniques.
Il rappelle que depuis le début de la construction européenne, les dirigeants du Royaume-Uni ont exprimé des réserves à l’égard du projet porté par les pères fondateurs.
Après avoir refusé de signer le Traité de Rome en 1957, ils ont suscité une institution concurrente sous la forme de l’AELE, puis rallié la CEE en multipliant au fil des années des régimes optionnels qui les mettaient à l’écart des avancées en matières sociale, économique et monétaire ou de libre circulation des personnes. Parallèlement, ils ont obtenu un régime de faveur quant à leur contribution au budget de l’Union, obligeant de ce fait certains autres Etats membres à compenser le manque-à-gagner de la contribution britannique. Les gouvernements britanniques ont systématiquement constitué un frein aux ambitions de rendre l’UE plus sociale, plus citoyenne, plus efficace en interne et sur la scène internationale. Ils figurent parmi les responsables de la mauvaise image des institutions européennes auprès des citoyens européens.
Paradoxalement, les Britanniques quittent une Union européenne en bonne partie façonnée selon leur conception, c’est-à-dire une Europe donnant la priorité au marché, et gouvernée sur un mode intergouvernemental ; alors que tout indique qu’il faut davantage que le marché et dépasser le système paralysant des droits de véto.
Le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne constitue un échec pour toutes les parties en cause, mais dont les Britanniques seront probablement les premières victimes. A court terme, l’onde de choc va renforcer les doutes des citoyens européens sur l’avenir de l’Union européenne, entraînera de longues et inédites négociations, et pourrait être un handicap supplémentaire aux politiques de développement économique pour les trois Régions belges.
Toutefois, en supprimant l’élément de blocage que représentaient souvent les positions britanniques, le retrait du Royaume-Uni contribuera à clarifier le fonctionnement des organes intergouvernementaux de l’Union.
Le projet européen est un projet fondamentalement politique. Il ne pourra être poursuivi que par des Etats membres habités par une même ambition. Les crises que nous traversons, et dont l’origine se trouve fréquemment hors d’Europe, ont été aggravées non pas à cause de l’Europe, mais à cause d’un manque d’Europe. Celle-ci doit dans le court terme trouver le moyen de répondre aux problèmes concrets posés à nos populations : une politique d’investissements et de création d’emplois, les défis de l’environnement, de la mobilité durable, de la sécurité et de la migration.
Dans quelques années, plus aucun pays de l’UE ne sera en état de participer au G7. Seule l’Union aura la capacité économique pour le faire. Les Européens désirent-ils continuer à jouer en première division sur la scène mondiale ? Ou préfèrent-ils, par une forme de lassitude historique, laisser balayer leur civilisation par le souffle de la mondialisation et se faire reléguer au rang des puissances secondaires ? Seules des institutions communes renforcées permettront aux citoyens du continent européen de prendre leur place dans le nouveau partage du monde qui se dessine.