Comment améliorer la performance énergétique et de durabilité des logements en Wallonie ?
Le 1er avril dernier, le CEG et le CPW collaboraient pour la première fois pour l’organisation d’un webinaire qui était le pendant de celui organisé pour la Région bruxelloise avec le groupe DéFI du Parlement bruxellois.
es matériaux plus durables et plus performants
Durant ce webinaire, DéFI s’est posé la question de l’amélioration de la performance énergétique et de la durabilité des logements en Wallonie. Si la question du “Pourquoi ?” fait aujourd’hui l’objet d’un large consensus aussi bien en termes socio-économiques, environnementaux ou encore d’emplois non délocalisables, il est évident que les stratégies à mettre en œuvre sont encore loin d’être claires pour tout le monde.
Les secteurs privés et associatifs mettent actuellement en place une série d’outils pour mobiliser leurs intervenants et développer ou remettre au goût du jour des matériaux et des techniques à la fois plus performants, plus durables et plus respectueux de l’environnement. Néanmoins, les moyens nécessaires pour modifier les habitudes et les pratiques actuelles afin d’atteindre ces objectifs impliquent clairement :
- que les autorités publiques prennent à bras le corps le défi et se posent en exemple dans leurs projets
- que les secteurs impliqués (construction, matériaux, énergie, associatif…) soient, soit soutenus, notamment via les filières locales (par exemple la filière chanvre) et la formation, soit mis à contribution.
- que la législation soit progressivement adaptée dans un cadre clair et pérenne.
Rénovation de nos logements
Le sujet était tellement vaste que certains aspects n’ont pas encore pu être abordés lors de notre webinaire comme, par exemple, l’importance des AIS dans la rénovation du bâti privé mis en location ou celle d’une transition économiquement réaliste de matériaux de construction très gourmands en ressources et émetteurs de CO² vers des matériaux biosourcés et locaux.
Cependant, nos experts ont dégagé quelques “mots d’ordre” concernant la rénovation de nos logements :
- Il existe une feuille de route européenne déclinée en plans (national et régionaux)
- La moyenne du parc belge de logements est peu performante. Nous nous situons aujourd’hui à en moyenne un label F. Notre objectif étant le label A d’ici moins de 30 ans.
- Pour rénover les logements et atteindre les objectifs fixés (ex : label A), il faudrait créer 27 à 36.000 emplois directs ou indirects
- Il faut augmenter la demande de rénovation mais aussi assurer l’offre pour les assumer.
- L’idéal est de faire une rénovation globale de son logement mais pour des raisons économiques, il est tout à fait envisageable de procéder par étapes.
- Une isolation complémentaire des bâtiments est actuellement nécessaire pour 80% des bâtiments : avec des étapes de diagnostic, le choix des matériaux, le choix de techniques performantes etc.
- Les émissions de CO² ne sont pas que le fait du chauffage mais sont aussi liées à la situation du logement car cela a un effet sur les émissions des transports. Un autre type d’émission est due à la fabrication des matériaux.
- Les travaux effectués restent souvent trop superficiels. La rénovation profonde est actuellement marginale.
- Rénover une maison ancienne restera généralement moins performant mais nécessitera souvent moins de matériaux qui ont un effet négatif sur l’environnement.
Logements publics et rénovation
Notre webinaire était également l’occasion de s’intéresser à la situation des logements sociaux et les mesures prises pour ceux-ci :
- 3/4 du parc est à rénover, l’objectif étant de rénover 25 000 logements en 5 ans tout en assurant un accompagnement des locataires pour pérenniser la rénovation
Les logements sont éligibles pour une rénovation selon le niveau de performance énergétique, selon l’âge du logement et si une rénovation a déjà été effectuée ou pas. L’enveloppe est de 1.2 milliard, financée par 75% par la région et 25% par les sociétés elles-mêmes.
Rénovation et écologie
De nombreuses solutions existent, bien entendu ! Il est souvent envisageable, voir nécessaire de :
- Mieux intégrer l’innovation technique dans cette vision de la rénovation : chauffage, matériaux, énergie renouvelable, objets communicants
- Soutenir davantage les entreprises d’isolation car il n’y a pas d’accès à la profession. Dans cette optique, il faudrait développer plus de formations et des labels de qualité.
- Pour les logements publics, il faut améliorer la méthode de certification des logements, augmenter le nombre d’intervenants disponibles et favoriser l’aspect local et durable tout en maintenant les loyers sous les 20% des revenus
- La rénovation devra avoir un rôle essentiel dans la relance post Covid
- Les incitants à la rénovation mis en place par les autorités ne semblent pas suffisants, il faudrait idéalement passer par des obligations de rénovation, en s’engageant à rénover quand on achète un logement ancien. Dans cette optique, il faudra donc accompagner l’acheteur financièrement pour arriver à une neutralité budgétaire.
- Moins le logement est performant énergétiquement, plus il faut travailler sur la taille du logement qui est proportionnelle à la consommation d’énergie. Les logements ont été construits selon un modèle de famille mais la démographie a changé : population vieillissante, plus de familles monoparentales, taille plus réduite… Il faudrait donc adapter la taille des logements et cette notion est souvent oubliée dans les objectifs politiques. Beaucoup de logements sont inoccupés et d’autres sous-occupés, un changement de logement ou une division de logement devraient donc pouvoir être envisagés.
Il est donc possible, en prenant dès demain les bonnes orientations de manière structurée et pensée sur le long terme de développer un plan de rénovation énergétique réellement durable en Wallonie.